Station biologique
Roscoff, France, 1939
© FLC/ADAGP
Ce projet ne répond pas à une commande réelle mais à une étude initiée par Le Corbusier et soumise à Henri Laugier alors directeur de l’Office de la recherche scientifique au sein du Ministère de l’Education Nationale. Le Corbusier annote une grande majorité de ces correspondances en précisant qu’il s’agit d’un travail « éventuel » visant à bâtir une nouvelle station biologique à Roscoff, voisine de l’ancienne.
En plus des rendez-vous et des entretiens qu’il multiplie avec Henri Laugier et le professeur Perez, directeur des laboratoires, Le Corbusier ira visiter le site de Roscoff afin de déterminer et intégrer les besoins futurs des biologistes.
Le projet de construction est double, en plus de la structure professionnelle (laboratoires, salle de conférence de quatre-vingts places, salles de travail, aquariums au rez-de-chaussée…), il faut pouvoir loger soixante à quatre-vingts personnes. Le Corbusier opte pour une structure en T où se distingue un bâtiment tout en longueur dévolu aux laboratoires de physiologie et de zoologie et un bâtiment d’habitation tout en verticalité. Il s’agit d’une véritable étude d’unité d’habitation à six étages. Un troisième bâtiment regroupe l’entrée, la salle de conférence et le club.
Un courrier daté du 21 avril 1939 détaille avec précision le projet. Les points importants sont la circulation naturelle de l’air, l’éclairage et l’orientation. Ce courrier précise également l’inutilité d’aménagements automobiles puisque les véhicules sont interdits de la station.
Dans l’Oeuvre Complète, Le Corbusier précise que « les savants doivent travailler à l’abri du soleil ». Afin de répondre au mieux aux besoins et exigences des scientifiques, il fait appel à des loggias brise-soleil.
Le plan permet de constater que le logis des savants est accolé à une « vielle maison bretonne qui sera conservée ».
Des laboratoires de biologie océanographique dépendant de la recherche scientifique sont installés déjà au bord de la mer, ainsi que le montre le petit plan de situation. Ce petit plan désigne dans la parcelle de droite le terrain disponible pour les nouveaux laboratoires.
Les laboratoires comportent les aquariums, les salles de travail (bâtiments de droite), les logis des savants; ceux-ci sont rattachés à une vieille maison bretonne qui sera conservée (bâtiment de gauche en haut); enfin un troisième bâtiment groupera l’entrée, l’amphithéâtre des conférences, le club.
Une question technique importante est posée par les conditions d’éclairement des locaux. Les savants doivent travailler à l’abri du soleil. On ne pouvait tout de même pas admettre des locaux exclusivement ouverts au nord. On appliqua donc ici, une fois encore, la conception des brise-soleil. Ceux-ci épargneront des formes différentes: Les cassettes formant rayons d’abeilles; les lames verticales, la loggia semblable à celle des traditions.
Une esthétique nouvelle de la façade apparaît. Nous sommes en 1939:
La forme architecturale des bâtiments modernes pouvant bénéficier de la conquête irréfutable du pan de verre se cherche. Ce laboratoire de Roscoff en apporte déjà des solutions caractéristiques.
Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume 4, 19387-1946