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Le Corbusier donnant une conférence © FLC / ADAGP / Publifoto Milano

Le Corbusier

Dossiers thématiques / Vocabulaire corbuséen

Vocabulaire corbuséen

Brutalisme

Courant architectural caractéristique du Mouvement moderne qui apparait après la 2nde Guerre mondiale. Il se caractérise principalement par le recours au béton brut, ou des matériaux laissés bruts. La production de Le Corbusier, à partir des années cinquante, répond aux caractéristiques du brutalisme, notamment dans sa volonté de laisser les matériaux bruts ou les empreintes de décoffrage. L’usine de Saint-Dié, les Unités d’Habitation, les Maisons Jaoul, mais aussi la Tour d’ombres sont des exemples.

Tour d'Ombres © FLC / ADAGP / Manuel Bougot
Maison La Roche © FLC / ADAGP / Olivier Martin-Gambier

Cinq points pour une architecture nouvelle

Quoique théorisés en 1927, les cinq points apparaissent pour la première fois en 1923 lors de la construction de la Maison La Roche.

Les pilotis permettent la mise en place du plan libre et la libre circulation sous le bâtiment.

La fenêtre en longueur s’insère de manière ininterrompue sur les façades qui sont des éléments d’enveloppe non porteurs.

Le toit-jardin remplace les combles traditionnels en offrant un jardin suspendu au sommet de la maison.

Le plan libre offre une totale liberté pour l’agencement intérieur et rend indépendante la distribution de chaque niveau.

La façade libre constitue une enveloppe indépendante de la structure.

Dom-ino

Contraction des mots Domus (maison en latin) et innovation, le système Dom-Ino est un procédé constructif modulaire mis en place par Le Corbusier en 1914. Il s’agit d’un principe poteaux-poutres, composé de trois dalles, six poteaux et un escalier, chaque module est combinable. Ce procédé rend possible la mise en place des cinq points pour une architecture nouvelle, mais surtout une standardisation de la construction sérielle. Le Corbusier utilise ce système tout au long de sa carrière, de la Villa Schwob aux Unités d’Habitation en passant par la Villa Savoye.

Dom-Ino © FLC / ADAGP

Machine à habiter

« La maison a deux fins. C’est d’abord une machine à habiter, c’est-à-dire une machine destinée à nous fournir une aide efficace pour la rapidité et l’exactitude dans le travail, une machine diligente et prévenante pour satisfaire aux exigences du corps : confort. Mais c’est ensuite le lieu utile pour la méditation, et enfin le lieu où la beauté existe et apporte à l’esprit le calme qui lui est indispensable ; je ne prétends pas que l’art soit une pâtée pour tout le monde, je dis simplement que, pour certains esprits, la maison doit apporter le sentiment de la beauté. »

Le Corbusier, Almanach d’architecture moderne, Paris, Crès, 1925, p. 29
Villa Savoye © FLC / ADAGP / Arnaud Dercelles
Le Corbusier, Main ouverte, Roquebrune-Cap-Martin, 22 avril 1955 © FLC / ADAGP

Main ouverte

La Main ouverte est un motif symbolique présent dans l’œuvre plastique et architectural de Le Corbusier. Il faut attendre le début des années 1950 pour que Le Corbusier en matérialise la forme et ce, même si le projet non-réalisé du Monument pour Paul Vaillant-Couturier de 1938 prévoyait une imposante sculpture de main.

Si elle apparaît majoritairement par le biais d’esquisses, colorées ou non, à travers une production de dessins, lithographies (notamment dans le Poème de l’Angle droit en 1953), peintures, papiers collés, elle s’incarne surtout dans deux projections architecturales, l’une à Chandigarh et l’autre à Ahmedabad, avec le barrage de Bakhra. Ce motif récurrent prend toute sa dimension fraternelle et universelle à travers sa devise « Pleine main j’ai reçu, Pleine main je donne ».

La seule version construite date de 1986 est celle du Complexe du Capitole à Chandigarh, entre le Palais de l’Assemblée et la Haute Cour.

« Ouverte pour recevoir. Ouverte aussi pour que chacun y vienne prendre. Les eaux ruissellent le soleil illumine les complexités ont tissé leur trame les fluides sont partout. Les outils dans la main. Les caresses de la main. La vie que l’on goûte par le pétrissement des mains. La vue qui est dans la palpation.
Pleine main j'ai reçu pleine main je donne »
Le Corbusier, Poème de l'Angle droit, 1953

Modulor

Le Modulor est un système de proportions anthropométriques ainsi qu’un outil de conception architecturale et de normalisation de la construction.

Si Le Corbusier entame des recherches sur les nombres dès 1904, il développe le Modulor entre 1943 et 1950, avec l’aide de son atelier (principalement Gerald Hanning). Après avoir été pensé un temps pour une stature d’1m75 (la propre taille de Le Corbusier), il est finalement établi sur la taille d’un homme d’1m83 ou 6 pieds, en s’inspirant de la suite de Fibonacci et de la section d’or censée diviser le corps de manière harmonique. À la fois fantaisie architecturale et mesure pratique, le Modulor condense l’intérêt de Le Corbusier pour les proportions, les structures naturelles, l’échelle humaine, et l’industrialisation de l’architecture. Il a été diffusé principalement à travers deux publications (Le Modulor, 1950 et Modulor 2, 1955) et a été appliqué dans la quasi-totalité des projets d’après-guerre de la rue des Sèvres (Unité de Marseille, Usine de Saint-Dié…).

Modulor © FLC / ADAGP
Objet à réaction poétique © FLC / ADAGP / Christian Brandle

Objets à réaction poétique

Les objets à réaction poétique sont, pour Le Corbusier, des matériaux bruts, naturels, ou encore des objets manufacturés dans lesquels il puise son inspiration artistique. D’une pomme de pin à une carapace de crabe en passant par un galet ou un coquillage, c’est une centaine d’objets que Le Corbusier a collectée toute sa vie. On retrouve ces objets dans nombre de ses créations, des bas-reliefs incrustés dans le béton, aux motifs du Poème de l’angle droit, mais aussi dans ses dessins et ses peintures.

Polychromie architecturale

« La polychromie est une question éminente de l’architecture… ici de nouveau une vérité fondamentale : l’homme a besoin de couleur. La couleur est l’expression immédiate, spontanée de la vie… La polychromie architecturale s’empare du mur entier et le qualifie avec la puissance du sang, ou la fraîcheur de la prairie, ou l’éclat du soleil, ou la profondeur du ciel et de la mer. Quelles forces disponibles ! C’est de la dynamique… Si tel mur est bleu, il fuit. S’il est rouge, il tient le plan, ou brun ; je peux le peindre noir, ou jaune… Les grandes couleurs de base, les couleurs ’éternelles’ : les terres et les ocres, l’outremer. Mais des verts anglais intenses, et des vermillons violents peuvent entrer aussi en symphonie avec la polychromie architecturale.

La polychromie architecturale ne tue pas les murs, mais elle peut les déplacer en profondeur et les classer en importance. Avec habileté l’architecte a devant lui les ressources d’une santé, d’une puissance totales. La polychromie appartient à la grande architecture vivante de toujours et de demain. Le papier peint a permis d’y voir clair, de répudier ces jeux malhonnêtes et d’ouvrir toutes portes aux grands éclats de la polychromie, dispensatrice d’espaces, classificatrice des choses essentielles et des choses accessoires. La polychromie, aussi puissant moyen d’architecture que le plan et la coupe, élément même du plan et de la coupe. »

Les tendances de l’architecture rationaliste en rapport avec la collaboration de la peinture et de la sculpture, conférence de Le Corbusier à Rome, Real accademia d’Italia, 25-31 novembre 1936

 

Cité de Refuge © FLC / ADAGP / Olivier Martin-Gambier
Musée des Beaux Arts de L'Occident, Tokyo © FLC / ADAGP / Alejandro Gómez Vives

Promenade architecturale

L’idée de la « promenade architecturale » se concrétise pour la 1ère fois en 1923, lors de la construction de la Maison La Roche, bien que le terme n’apparaisse qu’en 1929, dans le 1er volume de l’Œuvre complète. La circulation intérieure constitue pour Le Corbusier une préoccupation qu’il développera tout au long de sa carrière : « Tout, et aussi en architecture, est question de circulation ».

Le principe de « promenade architecturale » se compose de trois éléments essentiels : tout d’abord l’utilisation de divers moyens architecturaux pour créer une entrée qui suscite la curiosité du spectateur et le pousse à aller au-delà, deuxièmement la production de points de vue variés et multiples et enfin, le maintien du rapport entre les fragments et l’unité architecturale.

« L’architecture arabe nous donne un enseignement précieux. Elle s’apprécie à la marche, avec le pied ; c’est en marchant, en se déplaçant que l’on voit se développer les ordonnances de l’architecture. C’est un principe contraire à l’architecture baroque qui est conçue sur le papier, autour d’un point fixe théorique »
Œuvre Complète 1929-1934, vol. 1

Purisme

« Le purisme tente un art utilisant les constantes plastiques, échappant aux conventions, s’adressant avant tout aux propriétés universelles des sens et de l’esprit. »
Amédée Ozenfant et Le Corbusier, « Le Purisme», in L’esprit Nouveau, janvier 1921

Le purisme est une doctrine esthétique, né d’une critique du cubisme, formulée par Amédée Ozenfant et Le Corbusier, qu’ils considèrent trop décoratif : « Une peinture est l’association d’éléments épurés, associés, architecturés. ». La théorie picturale du purisme se prolonge dans l’architecture corbuséenne : les maisons La Roche et Jeanneret en sont la première expression.

Maison La Roche, salle à manger © FLC / ADAGP / Frédéric Betsch
Ville Radieuse © FLC / ADAGP

Ville Radieuse

Pour Le Corbusier, la Ville Radieuse a pour but d’abriter les hommes « d’une société désormais machiniste » et devra être placée « sous l’égide magistrale des conditions de nature : soleil – espace – verdure et la mission étant vouée au service de l’homme : HABITER – TRAVAILLER – CULTIVER LE CORPS ET L’ESPRIT – CIRCULER (dans cet ordre et cette hiérarchie). » (Le Corbusier, préface à la réimpression de la Ville Radieuse, 1964).

Pour Le Corbusier, l’urbanisme ne peut se concevoir que de manière architecturale, il faut nécessairement y associer, le ciel, les arbres pour que les habitants accèdent « aux joies essentielles ».

Le Corbusier reprendra les grands principes théoriques de la Ville Radieuse dans un ouvrage éponyme publié en 1935.