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"Murondins" houses

Not located, 1940

  • Maisons "Murondins", sans lieu
    © FLC/ADAGP
Maisons "Murondins", sans lieu
© FLC/ADAGP

Après l’exode de mai-juin 1940 : Le Corbusier s’interroge sur les solutions à apporter aux populations déplacées, il juge qu’il faut construire des abris, bâtis avec des matériaux trouvés sur place, par les usagers mêmes. Ainsi naissent les maisons « Murondins » contraction évidente et affichée de « murs » et « rondins » qui caractérise de façon simple mais réaliste le projet de construction de Le Corbusier.

Dans l’ouvrage éponyme qu’il publie en 1942, Le Corbusier les décrit parfaitement :

 

« Des murs en n’importe quoi, n’ayant pas de charges réelles à supporter, faits de pisé, ou de briques crues, ou de plots (agglomérés d’un peu de chaux) ou même de maçonnerie de pierre ou de briques prises dans les bâtisses croulantes des fermes abandonnées. De simples pans de murs, sans trous de fenêtres ni autre difficulté de confection, pas plus hauts que deux mètres ou quatre mètres, des murs qui peuvent être faits avec une main-d’œuvre non professionnelle. 

            Et toute une toiture de rondins et non pas de charpente en bois de sciage introuvables ; des rondins de longueur identique cloués simplement ou chevillés et sans jamais d’assemblage, pas de bois de scierie.

            Et par-dessus les rondins, une couverture de branchage et de mottes de terre, avec un petit dispositif très simple de plâtre et de papier goudronné. Pas de tuiles, pas d’ardoises, pas de zinc, rien de ce que nécessiterait une mise en œuvre professionnelle… »

 

Les archives de la Fondation Le Corbusier permettent de saisir l’importance des maisons Murondins qui apparaissent comme une théorisation d’une grande partie de l’activité de le Corbusier durant le début de la seconde guerre mondiale. Tout comme les logis provisoires, les unités d’habitation transitoires, les maisons Lannemezan, les habitations de l’Usine verte de Moutiers-Rozeille, et les projets co-réalisés avec Jean Prouvé (pavillon pour 40 hommes, écoles volantes, etc.), l’architecte développe et fait varier toute une gamme d’habitation rapide à bâtir et adaptées à cette période de conflit.

Si l’on en croit Le Corbusier, les Murondins sont, en théorie, constructibles par de grands enfants, qui, encadrés par des scouts, peuvent venir à bout d’une construction. Le sous-secrétaire d’Etat et député maire de Briey, Philippe Serre demandera à Le Corbusier de penser à une solution d’hébergement d’urgence pour loger 2400 enfants, issus d’un arrondissement bombardé. Des baraquements furent construits dans les Vosges selon un schéma constructif analogue. La charpente fût toutefois montée par un charpentier et non par des enfants. Dans une note du 7 juillet 1940, on apprend qu’un abri-type pour 40 enfants revient à 74.000 francs.

Ces constructions “Murondins” furent imaginées au mois d’avril 1940, quand commença la première débâcle, celle des Belges et des gens du Nord.
Il s’agissait de donner aux sinistrés l’unique possibilité de s’abriter: prendre de la terre et des branches d’arbre, et constituer, sans main-d’œuvre spécialisée, des abris à la manière des bûcherons dans la forêt.
Plan et coupe s’y prêtaient, constituant un élément architecturale capable de répondre au but proposé et capable aussi d’assurer des réussites architecturales indiscutables …
Passée la débâcle, fin 1940, ce procédé fut offert à la jeunesse pour qu’elle constitue elle-même ses clubs, et qu’elle arrive ainsi à décliner l’offre démoralisante des vieilles résidences poussiéreuses que chacun mettait à sa disposition à cette époque.
A la libération le problème fut repris pour Saint-Dié afin de loger une masse de sinistrés. L’entreprise échoua faute de trouver l’argile nécessaire à la constitution du pisé; l’enthousiasme, aussi, faisait défaut chez beaucoup.Cette construction rattachée plutôt à l’architecture mésopotamienne (en plan) eut fourni des abris familiaux précaires, mais suffisants.
La thèse développée plus loin dans cet ouvrage sous le titre “Logis provisoire” comporte précisément l’application du procédé “Murondin” sous forme de caravansérails et de leur complément de clubs, d’écoles, de maternelles, de crèches, etc.

Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume4, 1938-1946

  • Maisons "Murondins", sans lieu
    © FLC/ADAGP
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