Le Moulinet

Ce projet demeure très peu connu, notamment du fait que Le Corbusier ne lui ait jamais consacré la moindre ligne dans son Œuvre Complète. De cette villa datée entre octobre 1915 et l’année 1916 il ne reste que quatre plans à partir desquels il est bien difficile de deviner la localisation véritable. Certes, nous trouvons la mention « Le Moulinet » qui pourrait renvoyer à quelques lieux-dits français mais à cette époque, Charles-Edouard Jeanneret n’a toujours pas emménagé à Paris et les projets jusqu’à présent esquissés ou réalisés ne sont implantés qu’en Suisse (et ce jusqu’aux projets de l’année 1917). On ne peut donc que supposer qu’il s’agit d’un lieu-dit éponyme situé dans le canton de Vaud, ce que peut confirmer le paysage visible en arrière-plan.

Les plans conservés ne nous dévoilent que peu d’éléments architecturaux. Rehaussés de couleurs chaudes pour certains d’entre eux, ils font la part belle à une vaste terrasse sur laquelle se prélasse un clone de Le Corbusier ainsi qu’à une large pergola couverte de pampre. L’influence de son « Voyage d’Orient » et de ses périples méditerranéens sont encore très présents puisque cette pergola ressemble fort à un péristyle que vient coiffer un fronton triangulaire tout droit sorti d’un temple grec ou d’une antique villa romaine.

Les voûtes du toit, crayonnées, sont représentatives et caractéristiques des Maisons Monol conçues en 1919 à Paris. En revanche, il semble opportun de rapprocher cette villa d’une maison Dom-ino de type B. En effet on y retrouve les moulures ornementales du toit (que l’on retrouvera également dans la Villa Schwob) et le même ajout de vigne vierge qui serpente entre les poutres de la terrasse et du toit. Son carnet A2 présente de nombreuses études de moulures et de corniches inspirées de ses récents voyages et en tout point semblable à celles du « Moulinet ». Les tables, silhouettes ainsi que les mouvements d’eau de la fontaine confèrent enfin une étonnante et inhabituelle impression de vie et de quiétude à cette étude bucolique.