Rentenanstalt building
Zürich, Switzerland, 1933
© FLC/ADAGP
INFOS PRATIQUES
Projet non réalisé
Ce bâtiment a fait l’objet d’un concours en 1933 et le présent projet a été mis hors concours par le jury, parce que les auteurs avaient admis que les techniques modernes permettaient de concevoir un édifice différent de celui imposé au programme du concours, basé sur les usages courants du bâtiment (bâtiment de hauteur de 20 m, formant cour centrale). On semble trop oublier qu’un bâtiment d’administration moderne est un élément entièrement neuf, au point de vue de l’organisation, au point de vue de la biologie architecturale. Une grande administration moderne doit posséder un bâtiment conçu comme un être vivant. Il s’agit donc, par une analyse rigoureuse, d’établir des fonctions hiérarchisées selon une ordonnance impeccable. Ce travail se fait par des schémas et des graphiques et il aboutit à une formation qui doit être exprimée ensuite par les moyens de l’architecture. Ces moyens sont de deux natures :
a) structure, c’est-à-dire solidité de l’ouvrage,
b) architecture, c’est-à-dire splendeur architecturale, loi des proportions, éloquence des volumes, des surfaces, de la lumière, etc.
Si le bâtiment a un aspect nouveau ne se référant pas aux constructions des siècles antérieurs, est-ce une faute ? Il semble que non, puisque tous les éléments d’une administration contemporaine sont d’une nature très différente de ceux qui existaient autrefois.Mais concevoir et projeter un bâtiment comme on conçoit et on projette n’importe quel outillage des temps modernes, est un crime de lèse architecture au dire des jurys.Le jury a cette qualité effarante, c’est qu’il est interdit de lui adresser la parole, de lui expliquer les choses, de les lui faire comprendre si possible. Comment veut-on que le progrès aille de l’avant?
On peut affirmer avec une certaine mélancolie que les choses de l’architecture sont gérées par un sens commun qui a cessé d’être le bon sens des réalités contemporaines. “L’architecture” se défend éperdument de devoir être la manifestation loyale, honnête, précise et sublime de l’esprit de l’époque moderne. L’architecture crève au milieu des résidus.
Extrait de Le Corbusier et Pierre Jeanneret, Œuvre complète, volume 2, 1929-1934