Store Bat’a
Not located, 1935
© FLC/ADAGP
INFOS PRATIQUES
Projet non réalisé
La vente est rigoureusement la contrepartie de la fabrication. Dans une entreprise mondiale comme celle de “Bat’a”, la vente doit s’opérer avec une sécurité mathématique. La vente se fait dans des boutiques. Les boutiques sont dans les villes, les villages, les bourgs, partout. Elles sont minuscules, moyennes ou très vastes. Le problème: attirer l’attention du passant; l’arrêter dans la rue, lui montrer un choix étonnant d’articles; lui faire pousser la porte de la boutique presque inconsciemment; le faire s’asseoir, lui inspirer une immense confiance par la profusion des articles, la rapidité du service; puis, avant qu’il n’arrive à la caisse, avoir soumis à sa curiosité et à sa convoitise quantité de petits articles accessoires… Il paie, il s’en va heureux d’être bien servi et d’avoir, d’un coup, pu se ravitailler en petits articles, qu’en temps normal on ne sait où aller chercher…
Tout cela, et dans ses moindres détails, pendant deux heures, Jean Bat’a, le chef, a tenu à l’expliquer à Le Corbusier, afin que celui-ci l’aide à accomplir bien cette nécessité vitale : vendre. Trouver pour les boutiques du monde entier, où s’introduit Bat’a, le standard qui apportera l’unité, la diversité, l’efficacité, l’économie. Faire des boutiques correctes, mais jamais raffinées ni distinguées. Bat’a est réaliste. Il ne vise que la clientèle populaire.
Seconde face du problème: derrière le portique, l’intérieur. Les éléments sont : les casiers, les petites vitrines, les sièges, la caisse. En plus, un élément capital, chez Bat’a, le pédicure (au fond de la boutique). Problème de circulation d’abord, puis de fixation des dimensions standard. Tout problème de standard soulève ou décuple les difficultés. Ce qui est possible, admissible, tolérable dans mille cas particuliers, devient inadmissible dans un problème de standard. Une fois la solution trouvée, tout parait simple, naturel, spontané.
Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume 3, 1934-1938