Wanner building
Geneva, Switzerland, 1928
© FLC/ADAGP
Sur le thème de l’immeuble-villa, Le Corbusier esquisse et prévoit plusieurs variantes à son projet Immeuble Wanner. Il faut en fait parler du « projet Wanner », pour lequel l’architecte prévoit des « types » comme il l’a déjà expérimenté dans d’autres réalisations : maison-atelier, maison ouvrière, maison pour artiste… La notion de « type » définit les variantes et adaptations possibles à partir du projet principal. Le Corbusier, en partenariat avec Edmond Wanner, entrepreneur en serrurerie genevois, essaie de standardiser certains immeubles pour tenter de les vendre avec plus de facilité. A partir d’un bâtiment « étalon », il compose ses variantes. Si l’immeuble Wanner est prévu pour la ville de Genève, les variantes ne sont pas attachées à un lieu particulier. Le type hôtel sera ainsi étudié, un temps, pour la commune de Troyes.
Tout comme Citrohan ou les maisons minimums, ces études ont une vocation théorique, quasi publicitaire.
Sa collaboration avec Edmond Wanner trouvera une issue favorable quelques années plus tard, en 1930, avec le succès de l’Immeuble Clarté, que les deux hommes espéraient également pouvoir décliner et proposer à d’autres clients.
Les Immeubles-villas de 1922 et 1925 trouvent leur application à Genève, grâce à l’initiative intelligente d’un industriel constructeur de charpente métallique. Le problème envisagé jusqu’ici pour être réalisé en ciment armé passe à la construction métallique et s’exprime par une conception de la plus haute actualité, celle de la “maison à sec”. Il s’agit ici de réaliser l’établissement de standards rigoureux d’ossature qui sont l’élément constitutif de la maison (tout le programme envisagé au Pavillon de l’Esprit Nouveau en 1925).
Ces éléments sont réalisés en usine; ils ne comportent que la mise en œuvre d’éléments secs, de façon à ce que la maison puisse être montée dans tous ses moindres détails par des équipes de “monteurs” et non plus par les divers corps de métiers séculaires du bâtiment, car ceux-ci entraînent entre eux un enchaînement dont la conséquence est une grande perte de temps.
Ainsi, le bâtiment peut être réalisé avec tout son équipement intérieur par une seule équipe de monteurs. Cette même thèse de la “maison à sec” été appliquée à la réalisation du programme Loucheur tant pour les habitations de cités-Jardins que pour les grands immeubles à petits loyers.
Extrait de Le Corbusier et Pierre Jeanneret, Œuvre complète, volume 1, 1910-1929