Pavillon d'exposition, palais Ahrenberg

« C’était ici, prendre une position particulière des initiatives urbanistiques: Un monsieur intelligent, qui aime sa ville et qui a même l’intention de gagner sa vie, M. Theodor Ahrenberg, prend une initiative ayant pour objet de mettre sa ville, Stockholm, une fois encore et catégoriquement, en pleine fréquentation des forces d’avant-garde. II a choisi trois noms de créateurs plastiques : Picasso, Matisse, Le Corbusier. (Je vous donne ma parole que je n’étais pour rien dans ce choix.) Je n’avais jamais rencontré auparavant ce promoteur. Il me demanda, de plus, d’établir le plan d’un bâtiment à poser sur l’eau de la mer, face au quai, et relié à terre par une passerelle. A chacun des trois artistes était attachée une salle particulière. Cette salle était architecturalement conçue pour offrir de multiples ressources de murs, de plafonds, d’écrans mobiles. Bref, la réalisation eût fourni un moyen jusqu’ici inconnu de manifester l’art de chacun des trois artistes. En lisant ce plan, le lecteur se rendra compte de ce que signifierait: exposer à l’échelle humaine.

Tout ceci s’écroula (« comme de bien entendu! » – chanson connue) par la chiquenaude du destin qui punit, on le sait, le crime d’invention (voir, regarder, observer, imaginer, créer). A en croire que le Bon Dieu qui créa le monde n’aime pas que les petits bonhommes s’animent à leur tour (bien qu’à leur simple échelle) d’une passion semblable… »

Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume 7, 1957-1965