Unités d'habitation transitoires
Sans lieu, 1944
© FLC/ADAGP
INFOS PRATIQUES
Projet non réalisé
Un cycle d’études s’amorce à ce moment-là, malgré l’occupation, et après un silence complet. Le Corbusier, rejeté de tous les comités et commissions qui siègent et travaillent depuis 1940, reprend ses travaux personnels. Ici commence une série d’études, suite naturelle des « Murondins ». Diverses solutions seront acquises : « les maisons transitoires » – « les logis provisoires transitoires ». Ces solutions seront proposées, sans succès d’ailleurs, après la libération, car il existe et existera un manque d’unité de vue entre les techniciens d’abord, les responsables de l’autorité et les sinistrés. II faudra deux années pour que se constitue un Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, et qu’une doctrine apparaisse petit à petit.
Au départ, la doctrine même du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme porte en soi une faute incontestable: on ne peut, on ne pouvait confier au même cerveau et au même homme, la besogne de la reconstruction (c’est-à-dire donner satisfaction aux sinistrés) et la besogne de l’urbanisme (c’est-à-dire faire la planification) pour assurer l’avenir du pays. La reconstruction – la satisfaction donnée aux sinistrés – exigeait des méthodes d’urgence, de force, des décisions foudroyantes, et des hommes d’un caractère tout particulier, capables de renverser instantanément les obstacles, et de secouer les inerties.
L’urbanisme, lui, au contraire, réclame une qualité d’esprit particulière et un calendrier particulier. Tout ici est prévision, pensée, philosophie de la vie, sagesse, véritable sens social, économique et politique.
Deux activités si différentes ne peuvent loger sous le même bonnet.
Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume 4, 1938-1946