Appartement de M. Charles de Beistegui
Paris, France, 1929-1931
La commande
Charles de Beistégui (1895-1970) collectionneur d’art et héritier d’une famille ayant fait fortune dans l’extraction minière au Mexique loue depuis plusieurs années un appartement au cinquième niveau d’un hôtel particulier situé avenue des Champs-Élysées. Ayant la possibilité de faire des travaux, il demande en 1929 à Le Corbusier et Pierre Jeanneret de réaliser un appartement sur le toit de l’immeuble. Celui-ci doit être réalisé autour d’un ensemble de terrasses reliées entre elles par un subtil dispositif d’escaliers et d’emmarchements extérieurs, qui servira de cadre spectaculaire pour ses fêtes somptueuses.
Le projet
Dans une lettre à Charles de Beistégui du 5 juillet 1929, Le Corbusier écrira : « Votre programme nous intéresse parce que c’est un programme vedette (Champs Élysées) et parce qu’il propose une solution des toits de Paris dont je parle depuis 15 ans ». Les travaux commencent entre avril et mai 1930. Charles de Beistégui s’installera à l’automne 1931 dans son appartement.
Le premier niveau est occupé par l’appartement composé pour l’essentiel d’une vaste salle de séjour et salle à manger en forme de L. Un escalier en forme de spirale mène à un cabinet.
La terrasse sur trois niveaux conduit à un espace gazonné à ciel ouvert et aux murs hauts où siège une cheminée fixée au mur dans l’axe de l’Arc de Triomphe.
Ce chantier permettra à Le Corbusier de tester plusieurs innovations technologiques en termes d’insonorisation, d’installations électriques et mécaniques, comme une haie mécanisée sur la terrasse ou une cloison amovible entre la salle à manger et le salon. Il installera également un dispositif cinématographique composé d’un projecteur de cinéma caché derrière un miroir pivotant et d’un périscope.
Le devenir de l'appartement
Charles de Beistégui quitte en 1938 son appartement, le trouvant trop étroit.
Aujourd’hui, le volume de l’appartement avec ses terrasses, qui ont subi des modifications radicales, reste visible depuis la rue.
Dans le cadre d’une demande de travaux de ravalement et d’étanchéité du 136 avenue des Champs Élysée, la Commission du Vieux Paris s’est intéressée à ce site et a commandé une étude patrimoniale sur l’état de conservation des ouvrages extérieurs qui a été présentée lors de la séance plénière du 21 octobre 2010.