Chapelle Notre Dame du Haut
Ronchamp, France, 1950-1955
La commande
La chapelle Notre-Dame-du-Haut est un édifice religieux destiné à recevoir des pèlerins. Bâtie sur la colline de Bourlémont, territoire de la ville de Ronchamp en Haute-Saône, elle est construite à l’emplacement d’une ancienne chapelle dédiée à la Vierge Marie, et détruite par un bombardement en 1944.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Société Immobilière de Notre-Dame-du-Haut, propriétaire du site, ainsi que le diocèse de Besançon, dont dépend la chapelle, s’associent afin de porter le projet de reconstruction.
C’est à la Commission d’Arts Sacrés que revient le choix de l’architecte : le chanoine Lucien Ledeur, secrétaire de la Commission, et François Mathey, inspecteur des Monuments Historiques des Vosges proposent Le Corbusier, avec le vif soutien d’Alfred Canet, secrétaire de la Société Immobilière de Notre-Dame-du-Haut.
Le projet
Le chantier de construction débute en 1950 ; il s’achève en 1953. L’inauguration a lieu le 25 juin 1955, en même temps que la bénédiction de la chapelle. Sa consécration est intervenue plus tardivement, en 2005. Le programme est peu contraignant : à la nef principale de la chapelle doivent s’ajouter trois chapelles secondaires ainsi qu’un chœur extérieur dédié aux cérémonies en plein air, notamment à l’occasion des pèlerinages. Afin d’assurer l’accueil des pèlerins, un abri est construit sur la colline, en contrebas de la chapelle. Le Corbusier prévoit aussi une maison pour le chapelain ainsi qu’une cave et un monument aux morts de la Seconde-Guerre mondiale, nommée pyramide de la paix.
Le projet de Le Corbusier est pensé en harmonie avec l’environnement ; la chapelle doit s’intégrer parfaitement dans l’espace. L’emplacement du nouveau bâtiment est sensiblement le même que celui de l’ancienne chapelle, dont les pierres sont récupérées pour le chantier.
La proposition de l’architecte puise ses origines dans de nombreuses sources d’inspiration, la principale demeurant une carapace de crabe ramassée sur une plage de Long Island, objet à réaction poétique cher à Le Corbusier.
Loin des plans classiques des bâtiments religieux traditionnels, la chapelle de béton s’exprime en courbes, en lumière, en couleurs. Notre-Dame-du-Haut fait écho à la volonté de synthèse des arts de l’architecte. Les bancs en béton et en bois, pensés comme des sculptures, sont réalisés par Joseph Savina, ébéniste breton avec lequel Le Corbusier travaille déjà pour sa production artistique personnelle ; la porte principale est émaillée des deux côtés, les verres sont peints et laissent passer la lumière à travers les couleurs et les formes. Différentes techniques sont d’ailleurs utilisées sur les verres : peinture à froid, grisaille ou encore le vitrail.
L’acoustique de la chapelle est conçue pour que le prêtre n’ait pas à hausser la voix pour parler ou chanter. Le Corbusier prévoit un campanile électroacoustique avec un système moderne, de diffusion du son mais le projet n’est pas retenu, faute de budget. Après le décès de Le Corbusier, c’est finalement l’architecte Jean Prouvé qui dessine le campanile, en respectant les proportions du modulor. Il est installé en 1975.
Les différents matériaux choisis par Le Corbusier participent de l’atmosphère du lieu : le béton brut de décoffrage, l’enduit peint, le bois, la fonte de fer, le bronze. Si cette chapelle résolument moderne a suscité autant de critiques négatives que d’enthousiasme, elle témoigne d’un véritable tournant dans l’architecture du XXe siècle.
Le devenir de La Chapelle
La Chapelle Notre-Dame-du-Haut est inscrite en 1960 à l’Inventaire des Sites, en 1965 au titre des Monuments historiques et classé en 1967. Les bâtiments annexes, à savoir la maison du gardien, l’abri du pèlerin, les tables en béton, la cave, la pyramide, et le campanile de Jean Prouvé sont classés en 2003. Depuis 2016, la chapelle Notre-Dame-du-Haut fait partie des 17 sites de Le Corbusier inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, au titre de la série « L’architecture de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au mouvement moderne ».
En 2006, L’Association Œuvre Notre-Dame-du-Haut a contacté l’architecte Renzo Piano afin de bâtir un couvent pour les sœurs clarisses de Besançon ainsi qu’une porterie pour l’accueil des publics. Ce bâtiment a vu le jour en 2011 et complète désormais le site de Ronchamp.
En 2022, les objets liturgiques et le mobilier ont été classés à perpétuelle demeure. Cette même année, les travaux de restauration de la chapelle ont débuté avec une première phase portant sur les façades extérieures, la lame sud, pour résoudre notamment les problèmes d’altération des bétons. Les autres façades, les problèmes d’étanchéité de la tour, les verrières de Le Corbusier (vitrail, peintures à froid, verres sécurit…) sont en cours de traitement. Le chantier se terminera avec les intérieurs.
Un projet de classement parmi les sites est en cours de réflexion.