Cité ouvrière
Saint-Nicolas d'Aliermont, France, 1917-1918
La commande
Le 15 mai 1917, Robert Duverdrey, Directeur de la Manufacture d’horlogerie Duverdrey & Bloquel rencontre Charles-Edouard Jeanneret et lui propose la réalisation de maisons pour son personnel.
Il s’agit de construire un lotissement de 40 à 50 logements.
Plusieurs typologies de maisons sont prévues ainsi que la construction d’un bâtiment regroupant la coopérative et des chambres à louer. Ce programme est précisé ultérieurement par le commanditaire qui souhaite que les façades soient traitées différemment selon qu’il s’agisse de maisons pour les ouvriers ou pour les contremaîtres.
Le projet
Ce projet s’inscrit dans les travaux de Charles-Edouard Jeanneret sur les maisons ouvrières en série. Il propose une cité de 43 maisons réparties de chaque côté d’une rue centrale qui mène de la coopérative à une place sans issue.
Conformément à la demande de Monsieur Duverdrey, il étudie trois types de maisons.
La maison de type A, la plus grande, est prévue pour les contremaîtres. Elle se compose de 6 pièces sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, une chambre est ajoutée au séjour et aux pièces de services (cuisine et laverie). L’étage comprend deux chambres, les sanitaires et le grenier. La maison de type A dispose d’un sous-sol.
Les maisons de types B et C sont jumelées. Si leur nombre de pièces sont similaires, leur répartition diffère. Les maisons de type B disposent de deux étages à l’inverse du type C qui n’en compte qu’un. Les maisons de type B seront abandonnées en raison de leur hauteur jugée trop élevée.
Une maison jumelle de type C est construite en 1918 pour servir de maison témoin. Mesurant 8 m par 5,50 m, elle se compose d’un escalier central qui scinde la maison en deux. Au rez-de-chaussée, se situe, d’un côté, la cuisine et la laverie, de l’autre, une chambre à coucher. À l’étage, sous les combles on trouve deux chambres et les sanitaires. Chaque maison dispose d’un jardin en façade et d’une cour sur l’arrière.
À l’origine, les maisons devaient être construites en parpaing de béton préfabriqué. Charles-Edouard Jeanneret propose l’utilisation de machines d’une société suisse pour produire sur place mais le commanditaire impose à l’architecte le remplacement du béton par des briques.
Aux vues des difficultés rencontrées lors de la construction des maisons témoins et de leur coût trop élevé, le projet est finalement abandonné lors du conseil d’administration de la manufacture d’horlogerie Duverdrey & Bloquel du 7 juin 1919.
Le projet est publié dans la presse dès 1918. Georges Benoît Lévy, fervent soutien des cités jardins en France, écrit deux articles dans les revues The Survey (2 février 1918) et The Town Planning Review (3-4 avril 1918).
Les études réalisées pour ce projet serviront de base pour la conception des cités ouvrières de Lège et de Pessac.
Le devenir de la maison jumelle construite
Au fil du temps, des modifications importantes sont réalisées sur les maisons témoins, notamment l’utilisation d’un crépi sur la façade de l’une d’elle et l’ajout d’un garage à l’autre. L’ensemble appartient aujourd’hui à des propriétaires privées.