Immeuble locatif à la porte Molitor
Paris, France, 1931 - 1934
La commande
L’immeuble locatif à la Porte Molitor est conçu et construit par Le Corbusier et Pierre Jeanneret entre 1931 et 1934, à la limite du XVIe arrondissement de Paris (24 rue Nungesser et Coli) et de Boulogne-Billancourt (23 rue de Tourelle) pour la Société Immobilière de Paris-Parc des Princes. Le terrain choisi pour la construction de l’immeuble correspond à une parcelle traversante orientée ouest-est, de 26 mètres par 13.
Le projet répond aux principes de la Ville radieuse : associant individuel et collectif, il occupe un terrain près d’un parc, le bois de Boulogne, et à proximité de nombreux équipements sportifs (la Piscine Molitor, le Stade Jean-Bouin).
L’absence de vis-à-vis permet aux architectes de réaliser des façades entièrement vitrées, notamment grâce à la mise en œuvre des briques de verre Nevada, qui caractérisent cette nouvelle période d’expérimentation de Le Corbusier (Immeuble Clarté à Genève, Cité de Refuge de l’Armée du Salut, …).
Le projet
L’immeuble Molitor applique les cinq points de l’architecture moderne. Il est constitué d’une structure en béton armé, visible du rez-de-chaussée au 6e étage au niveau de la rangée de poteaux
La façade principale est rythmée par l’utilisation de différents produits verriers de Saint Gobain, briques de verre et verre armé plutôt au niveau des allèges, et par la réalisation de balcons (2e, 5e et 6e étages) et de bow-windows (3e, 4e étages). La glace claire est utilisée en revanche pour les châssis coulissants et ouvrants métalliques.
La façade côté Boulogne, permet d’accéder par une rampe aux garages. Sur cette façade s’ouvrent aussi les châssis des chambres des domestiques que Le Corbusier déplace en inversant l’organisation de l’immeuble haussmannien. L’architecte choisit en effet de construire aux derniers étages de l’immeuble son appartement personnel et installe les chambres des domestiques au rez-de-chaussée.
L'appartement-atelier de Le Corbusier
Le Corbusier déménage en 1934 dans son nouvel appartement aux 7e et 8e étage. Il y habitera jusqu’à son décès en 1965.
Cet appartement traversant et en duplex lui sert à la fois de résidence et de lieu de travail. L’atelier, où Le Corbusier peint le matin face au mur mitoyen en moellons apparents, et son bureau occupent la moitié est de l’appartement. À l’ouest, côté Boulogne, il installe son appartement constitué d’un séjour, d’une cuisine et une chambre équipée de toilettes, et d’une salle de bains avec baignoire sabot, douche et lavabo. Le 8e étage comprend une chambre d’ami et permet d’accéder au toit terrasse qui constitue la couverture de l’immeuble, avec deux voûtes, permettant ainsi à Le Corbusier de se conformer au gabarit réglementaire parisien.
L’appartement de Le Corbusier était autrefois accessible par un monte-charge, l’ascenseur desservait les autres appartements jusqu’au 6e étage.
Le devenir de l'immeuble
L’immeuble a fait l’objet de plusieurs interventions du vivant de Le Corbusier. Il sera partiellement restauré après la guerre, vers 1948, notamment en remplaçant les châssis rouillés par des châssis en bois. Des châssis métalliques seront remis en place, entre 1957 et 1962, lors d’une intervention nécessaire au niveau des façades, et sous le contrôle de l’architecte.
Le 31 janvier 1972, l’appartement-atelier de Le Corbusier est classé monument historique. L’immeuble, inscrit partiellement dès 1972 ; sera classé le 9 juin 2017 en totalité, sauf l’intérieur des appartements privés. Il reçoit en 2011 le label maison des illustres, et le 17 juillet 2016, l’immeuble est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, avec seize autres œuvres ou sites de le Corbusier
L’appartement-atelier a fait l’objet d’une restauration importante entre 2014-2018. Le classement du mobilier de l’appartement -atelier à perpétuelle demeure est en cours. Le projet de protection comprend 17 éléments de mobilier volant ou mobile (le mobilier fixe étant classé avec l’appartement depuis 1972) et 17 objets dessinés ou choisis par Le Corbusier de son vivant pour son appartement.
La restauration de la façade principale de l’Immeuble, 24 rue Nungesser et Coli, est en cours. Le chantier se poursuivra par la façade côté Boulogne, les courettes intérieures et se terminera par le hall d’entrée. Ce projet prévoit la conservation et la restauration des châssis métalliques mis en œuvre lors des interventions réalisées dans les années 1957-1962 sous le contrôle de Le Corbusier.