Maison Guiette
Anvers, Belgique, 1925-1927
La commande
En 1925, René Guiette, artiste avant-gardiste d’Anvers, visite le Pavillon de l’Esprit Nouveau réalisé par Le Corbusier pour l’exposition des Arts décoratifs à Paris et lui commande une maison-atelier. Il souhaite que son atelier soit situé dans les étages supérieurs et que son séjour ait un accès direct au jardin. Outre ces contraintes, Le Corbusier doit également composer avec les dimensions étroites de la parcelle et les règles d’urbanisme en vigueur à cette époque à Anvers.
Le projet
La maison Guiette s’inscrit dans la lignée des maisons puristes des années 1920, comme les maisons La Roche et Jeanneret ou la maison-atelier Ozenfant. Le Corbusier reprend les cinq points de l’architecture nouvelle. Seuls les pilotis ne sont pas présents, pour permettre à René Guiette d’accéder de son séjour à son jardin de plain-pied. Le Corbusier applique également les principes de la Maison Citrohan.
La maison est composée de trois étages et d’un toit-terrasse. Le salon, la salle à manger et la cuisine se situent au rez-de-chaussée. Le premier étage est consacré à l’espace de nuit (chambre, salle de bain), le deuxième à l’atelier d’artiste qui dispose d’une double hauteur et d’une mezzanine qui permet l’accès au toit-terrasse.
À la demande de Monsieur Guiette, le chantier est suivi sur place par l’architecte Paul Smekens et se déroule sur 7 mois, entre 1926 et 1927. René Guiette sollicite l’avis de Le Corbusier pour la polychromie intérieure. La polychromie des façades est en revanche soumise aux règles d’urbanisme de la ville. La couleur voulue par Le Corbusier est remplacée par un enduit simili-pierre couleur gris-bleu.
Soucieux de l’aménagement intérieur, Le Corbusier avait prévu l’installation de plusieurs casiers standards. Seuls un secrétaire et une desserte en équerre ont été réalisés d’après le modèle des casiers.
Le devenir de la maison
En 1963, un projet d’autoroute menace de destruction la maison. Des manifestations ont lieu à Anvers pour la sauvegarder. Elle sera protégée au titre des monuments historique sen 1978.
La maison a été rachetée par les actuels propriétaires en 1987 qui ont engagé une restauration d’envergure conduite par l’architecte Georges Baines engagée. Une isolation extérieure a été ajoutée et de nouvelles menuiseries métalliques avec double vitrage mises en place. Le revêtement d’ardoises mis en place sur la façade vers 1945 a été supprimé, la façade est devenue blanche.
Dans les années 1990, Georges Baines réalise une extension de la maison pour que la nouvelle propriétaire puisse y exercer son activité professionnelle.
En 2021, une nouvelle restauration des extérieurs a débuté : restauration des châssis de fenêtre installés par Georges Baines, réfection de l’isolation et de la finition de la façade ainsi que du toit terrasse, plus conforme à l’état réalisé dans les années 1920.
Depuis 2016, elle figure dans la série inscrite sur la liste du patrimoine mondial.