Maisons de la Weissenhof-Siedlung
Stuttgart, Allemagne, 1927
La commande
Mies Van der Rohe, vice-président du Deutscher Werkbund (association allemande de promotion de l’innovation dans les arts appliqués et l’architecture) organise en 1927 à Stuttgart, une grande exposition d’architecture dont l’objectif est de présenter les dernières recherches en matière d’habitation moderne.
Mies Van Der Rohe invite ainsi 17 architectes de l’avant-garde européenne dont les Allemands Walter Gropius, Hans Scharoun, Bruno et Max Taut, Peter Behrens, le Belge Victor Bourgeois, le Néerlandais Jacobus Johannes Pieter Oud et Le Corbusier, à construire un lotissement moderniste, sur les hauteurs de Stuttgart. Selon la commande de Mies Van der Rohe, les constructions devaient être saines et fonctionnelles, correspondre aux besoins des travailleurs et avoir des toits plats.
21 constructions comprenant 63 appartements sont réalisées en 21 semaines et présentées au public en juillet 1927.
À cette occasion, Le Corbusier publie pour la première fois, une plaquette en allemand exposant les grands principes de ses travaux, dont les « cinq points d’une architecture nouvelle ».
Le projet
Le Corbusier conçoit avec Pierre Jeanneret des édifices qui illustrent les « cinq points d’une architecture nouvelle ». Le chantier est suivi par Alfred Roth, jeune dessinateur zurichois qui travaille dans l’atelier de la rue de Sèvres. Ces chantiers sont l’occasion pour Le Corbusier de mettre en avant les potentialités de la standardisation et de l’industrialisation de la construction pour une production de masse. Il démontre également qu’une construction par éléments standardisés offre une grande liberté créative aux architectes et participe au développement d’une nouvelle esthétique architecturale. Ces maisons expérimentent, en outre, les thèmes de la flexibilité de l’habitat dans le temps et du mobilier intégré.
Le premier édifice, en surplomb, est une maison familiale de type Citrohan de forme cubique posée sur des pilotis. À l’intérieur, l’absence de cloisons fixes ainsi que les cloisons incurvées soulignent le plan libre. Elle bénéficie d’un hall central et d’un séjour en double hauteur ouverts au sud par une grande baie vitrée. Le toit-terrasse accueille un jardin, des pièces d’habitation et des toilettes.
« Une thèse de l’habitation moderne se présente ici : un vaste volume de salle dans lequel on vit toute la journée, clans le bien être des grandes dimensions et du grand cube d’air, dans l’afflux de la lumière. Dégageant sur cette grande salle, des box attribués à des fonctions de plus courte durée et pour la satisfaction desquelles, les dimensions exigées par les règlements en vigueur sont trop grandes, entraînant ainsi une dépense d’argent inutile, un cube de maison trop grand, par conséquent un gaspillage préjudiciable. » Le Corbusier, Œuvre Complète, volume 1, 1910-1929
Le second édifice, en contrebas est une maison double sur pilotis qui illustre le principe constructif de la structure « Dom-Ino ». Maisons jumelées aux plans simplifiés, elles se présentent comme un modèle de « maisons transformables », notamment grâce à la présence d’éléments mobiles qui permettent non seulement une flexibilité dans les aménagements intérieurs mais également une grande économie d’espace.
Au premier étage se trouvent les pièces à vivre et de services. Au centre, la salle à manger toute en longueur a la particularité d’être doublée par d’étroites chambres à coucher rappelant des cabines de wagon-lit, séparées par une cloison mobile. La cuisine et la salle de bain sont situées de part et d’autre de la pièce principale, adossées aux pignons. Le niveau du toit terrasse accueille une petite bibliothèque et un jardin.
Le devenir des maisons
Détériorées durant la seconde guerre mondiale, les maisons ont été totalement reconstruites en 1945. Elles sont cependant la première œuvre de Le Corbusier à bénéficier d’une protection, dès 1958. Depuis 2016, les maisons font partie des 17 sites corbuséens inscrits au Patrimoine mondial.
La Maison individuelle est actuellement louée. En revanche, les maisons doubles appartiennent à la ville de Stuttgart et sont ouvertes au public et l’une abrite le musée de la Weissenhof-Siedlung. Leur dernière restauration a été réalisée en 2006.