Musée National des Beaux-Arts de l'Occident
Taito-Ku, Tokyo, Japon, 1955
La commande
En 1953, après l’engagement du gouvernement japonais de l’accueillir dans un nouveau musée dédié à l’art occidental, la France restitue au Japon l’impressionnante collection de Kojiro Matsukata. Constituée dans les années vingt, elle comporte près de 400 œuvres peintes, dessinées ou sculptées et fut confisquée par la France après la seconde guerre mondiale.
C’est en avril 1954 que Kunio Maekawa, ancien collaborateur de l’atelier de la rue de Sèvres, demande à Le Corbusier au nom du ministère japonais des Affaires Étrangères, de venir au Japon pour évoquer la commande d’un musée.
© FLC / ADAGP
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Le projet
Le Corbusier propose de réaliser les plans d’un Musée à Croissance illimitée tel qu’imaginé en 1931 et réalisé à deux reprises en Inde, à Chandigarh et Ahmedabad.
Dans l’Œuvre complète il résume le projet ainsi la conception de ce musée en spirale carrée :
« La forme du plan dessinée par les 6 travées de poteaux est un carré de 6 m x 6 m. Le centre du bâtiment est occupé par un vide sur toute la hauteur éclairée par des lanterneaux : c’est la grande salle du XIXème siècle. Autour de cet espace, on trouve : en rez-de-chaussée le hall d’entrée et les zones de services et au 1er étage des salles d’exposition dont les mezzanines reçoivent, sur leur parties supérieures la lumière zénithale et jouent ainsi le rôle de lanterneaux. On entre dans le musée au niveau du rez-de-chaussée, entre les pilotis, et on se dirige ensuite vers la grande salle du XIXe inondée de lumière naturelle. La rampe située au nord dans la grande salle, permet d’accéder, au 1er étage, à une autre salle d’exposition. On poursuit la visite au 1er étage, de salle en salle, en tournant autour du vide de la grande salle du XIXe dans le sens des aiguilles d’une montre, guidé par la lumière des mezzanines-lanterneaux. La visite se termine par la rampe ou la sortie qui se trouve au niveau du 1er étage et qui débouche sur une terrasse et un escalier extérieur. »
Pendant l’élaboration du projet, Le Corbusier demande à prendre connaissance du détail de la collection qui compte des œuvres de Van Gogh, Gauguin, Courbet, Monet ou Rodin, afin de concevoir plus finement l’espace. Il s’attarde sur certains lieux du musée qu’il juge d’importance, comme le patio central. Il accorde également une importance particulière à la lumière qu’il conçoit principalement en éclairage naturel. Caractéristique de la période brutaliste, le musée de Tokyo est construit en béton armé et les façades sont réalisées en panneaux de béton préfabriqués avec une inclusion de galets.
Le chantier démarre en mars 1958, sous la conduite de ses trois anciens collaborateurs japonais (Sakakura, Maekawa et Yoshizaka Takamasa) et sera achevé un an après. L’opportunité de retourner au Japon ne se présente pas et Le Corbusier découvre sa réalisation d’après les photographies publiées dans la revue japonaise Kokusai-Kentiku. Il est séduit par la réalisation qu’il trouve « parfaite » et loue pour l’occasion « l’intégrité japonaise qui ne transige pas » de ses trois anciens collaborateurs.
Le devenir du musée
Une nouvelle aile, signée Maekawa, fut ajoutée en 1979, à l’occasion des vingt ans de l’édifice.
Le musée a fait l’objet de plusieurs interventions qui ont eu comme principale conséquence la fermeture d’une partie des espaces sous pilotis et la suppression de l’éclairage naturelle des galeries.
Plus récemment, en 1997 sont réalisés des travaux importants d’amélioration antisismique.
Depuis 2016, le musée fait partie des 17 sites corbuséens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. En 2021, à la demande du Centre du Patrimoine mondial, le parvis a fait l’objet de travaux pour supprimer la végétalisation des espaces autours des sculptures et revenir à son état d’origine.