Stade
Firminy, France, 1955-1969
La commande
Dès 1955, la ville de Firminy projette la construction d’un nouveau quartier, celui de Firminy-Vert. Surnommée Firminy-la-Noire dans les années 1950, la ville entend offrir un nouveau cadre de vie à ses habitants et un véritable « centre de re-création du corps et de l’esprit ».
Le plan directeur du quartier est conçu par André Sive, Marcel Roux, Charles Delfante et Jean Kling, qui le proposent à Le Corbusier pour corrections. Ce plan est en effet inspiré par la Charte d’Athènes et reprend les principes de la Ville Radieuse développés par Le Corbusier.
Le maire, Eugène Claudius-Petit, ancien ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme et ami de Le Corbusier, souhaite que l’ensemble soit équipé d’un centre culturel, d’un centre sportif et de logements. Firminy-Vert est prévu à l’emplacement d’une ancienne mine à ciel ouvert, et le stade doit s’implanter dans la cuvette d’une ancienne carrière de grès d’une profondeur de 15 mètres.
Pour compléter les équipements sportifs, une piscine est prévue : Eugène Claudius-Petit souhaite une piscine avec différents bassins, mais seul un bassin de 25m2 sera adopté. Le Corbusier propose sans succès d’ajouter une piscine à vagues. La piscine n’apparaît que dans des plans masse, Le Corbusier ne produisant aucun plan. André Wogenscky, chef de l’atelier du 35 rue de Sèvres, dessinera les plans après la mort de Le Corbusier.
Le projet
Le premier projet de 1956 prévoyait l’intégration du stade sous la Maison de la Culture. Cette solution n’a pu être retenue car les crédits devaient être alloués soit par le ministère de la Culture, soit par celui des Sports, mais pas par les deux.
En 1958, l’emplacement quasi définitif, dans la carrière, est choisi. La construction est reportée à la deuxième phase des travaux. Un stade avec une pelouse et une piste d’athlétisme, deux tribunes (une principale et une annexe, avec une capacité de 4 000 spectateurs), un vestiaire mixte de 120 places et un appartement pour le gardien sont prévus.
Dans le projet final, la tribune annexe est abandonnée pour une seule tribune de 3800 places, dont 500 couvertes, tandis que les vestiaires ont une capacité augmentée à 160 places.
Le stade sera construit en béton armé, brut de décoffrage. La couverture prévue est un voile de béton fin et convexe. La structure intégrera des façades vitrées avec des pans de verre ondulatoire au niveau des vestiaires.
L’apparence formelle du bâtiment, en courbe et en légèreté, est rendue possible grâce aux avancées technologiques de l’époque. Le voile de béton convexe sera abandonné au moment du dépôt de permis de construire pour être remplacé par une dalle inclinée sur des portiques de béton.
L’accès aux tribunes se fait par le haut d’une rampe en pente douce menant à une terrasse que Le Corbusier appelle « boulevard ».
Le permis de construire est accordé le 14 janvier 1965, après de nombreux retards dus notamment à des problèmes financiers. Au décès de Le Corbusier, le 28 août 1965, le projet est confié à André Wogenscky, son chef d’agence.
La construction du stade ne débute qu’en décembre 1966. Le chantier subit des interruptions et le projet quelques modifications, sans altérer le projet de Le Corbusier. Une réception provisoire est effectuée le 5 novembre 1968, mais le chantier ne s’achève que le 12 mai 1969.
Le devenir du stade
En 1984, le stade est le premier à être classé au titre des monuments historiques. Récemment restauré, il est toujours utilisé depuis sa mise en service.