Tombe de Le Corbusier et d'Yvonne Gallis
Roquebrune-Cap-Martin, France, 1958-1965
La commande
C’est après le décès de son épouse Yvonne, qui survient le 5 octobre 1957, que Le Corbusier s’empare du projet de tombe vouée à les accueillir tous deux. Il se fixe sur le cimetière de Roquebrune Cap Martin, commune de sa villégiature estivale où il a construit son « château », le cabanon. C’est également le lieu qui incarne le mieux son amour inconditionnel pour la Méditerranée.
Le projet
Le 25 mars 1958, Le Corbusier obtient du maire de Roquebrune, une concession trentenaire pour le carré J n°3 et n°4, de 4m2.
Pour réaliser cette tombe, Le Corbusier fait appel à son ami le menuisier Charles Barberis qui réalise le coffrage, au maçon Salvator Bertocchi qui a la charge de la dalle en ciment-pierre ; les achats des différents matériaux sont confiés à Robert Rebutato. L’émailleur Jean Martin se voit quant à lui confier la réalisation des deux plaques emails blanches. L’épitaphe d’Yvonne est peinte sur la plaque inférieure que Le Corbusier vient rehausser de bleu pour rappeler la mer. Au décès de l’architecte la plaque supérieure sera remplacée par une plaque agrémentée de jaune et de rouge symbolisant le ciel ensoleillé et rougeoyant.
« J’ai établi le dessin d’une dalle funéraire qui porte une saillie prismatique de 53 cm de haut × 43 cm de large, le dessus étant incline de 53 cm à 10 cm à l’autre extrémité. Cette saillie a donc 70 cm de long pour 43 cm de large. Comme il s’agit d’introduire les cendres de ma femme, ceci servira de fermeture » Le Corbusier au Maire de Roquebrune Cap Martin, le 16 mai 1958.
Sur le côté de la saillie, Le Corbusier maçonne un vase cylindrique qui rappelle les compositions puristes des années vingt tout en apportant une complexité géométrique à la construction. Quant à la dalle, elle n’est pas pleine pour laisser un espace suffisant à la présence de plantes. Enfin, pour orner, de manière minimaliste la dalle, Le Corbusier imprime la forme d’un coquillage et y incruste la croix en bronze d’Yvonne.
Le devenir de la tombe
La tombe n’est pas protégée mais bénéficie des labels Patrimoine XXe et Architecture contemporaine remarquable ; elle est incluse dans la zone tampon du Cabanon, composante de la Série transnationale inscrite sur la Liste du patrimoine mondiale, L’œuvre architecturale de Le Corbusier.
Elle fait toujours face à la mer Méditerranée, à l’endroit même où Le Corbusier succombait à une crise cardiaque le 27 août 1965. Comme Le Corbusier l’avait demandé avec insistance au décès d’Yvonne, la tombe s’apprécie « sans fleurs, ni couronnes ».