Unité d'Habitation
Briey-en-Forêt, France, 1959-1961
La commande
Après un accroissement majeur de la population au début des années cinquante, en raison du développement de l’industrie minière, la région de Briey-le-Vieux doit répondre à des besoins immobiliers importants. Dès 1953, l’architecte Georges-Henri Pingusson établit un programme prévoyant la construction d’une ville nouvelle : Briey-en-Forêt. Avec le soutien de son ami et ancien député Philippe Serre, Le Corbusier obtient la commande d’une unité d’habitation de « grandeur conforme » comme celles déjà élaborées à Marseille ou à Rezé.
Le projet
À Briey, Le Corbusier fait le choix d’adapter les plans de l’Unité d’Habitation de Rezé : les dimensions de la nouvelle unité sont presque similaires (Briey comporte une travée supplémentaire, augmentant sa longueur). Les matériaux employés, comme le béton armé, sont les mêmes. Le Corbusier prévoyait une charpente métallique, mais a dû y renoncer pour des raisons économiques. Chaque logement bénéficie d’une loggia protégée par des brise-soleils en béton. Les appartements sont accessibles par une rue intérieure, comme à Marseille et Rezé.
Toutefois, l’Unité d’Habitation de Briey diffère dans son organisation intérieure : le nombre d’appartements y est supérieur (339 appartements) et un centre commercial est installé au rez-de-chaussée, car le bâtiment est trop éloigné du centre-ville. L’école maternelle, qui devait prendre place sur le toit-terrasse, n’est pas construite. Les appartements de petite taille sont plus nombreux qu’à Rezé et à Marseille, ce qui modifie le rapport des habitants au bâtiment. Ces logements comportent une seule pièce et leur taille réduite ne leur permet pas d’être traversant et de bénéficier d’une double exposition, comme Le Corbusier le souhaitait. Les appartements ne sont pas aussi bien insonorisés qu’à Marseille, pour des raisons économiques.
André Wogenscky est désigné architecte d’opération par Le Corbusier. Les études préalables au chantier ont été réalisées par le bureau d’études Séchaud et Metz, qui était déjà intervenu à Rezé. Le béton armé est coulé sur place par le CEEMPT mais la plupart des entreprises intervenant dans la construction de l’Unité de Briey sont les mêmes que pour Marseille et Rezé. La menuiserie est confiée à Barberis, la vitrerie à Alazard et le chauffage à Missenard-Quint. Le chantier de l’Unité d’Habitation de Briey dure 23 mois.
Le devenir de l'Unité d'habitation
L’Unité de Briey est entièrement habitée dès 1961, mais pour une courte durée. L’industrie sidérurgique locale décline brusquement. Les ouvriers, qui représentaient une grande partie des habitants, sont licenciés et quittent peu à peu l’Unité d’Habitation. Le bâtiment pâtit de sa mauvaise gestion par l’office HLM local. Les conditions de vie s’y détériorent et l’Unité est dépeuplée, peu entretenue et victime de vandalisme.
L’OPHLM de Meurthe-et-Moselle décide sa désaffection en 1981. En juillet 1984, l’unité est vide de ses habitants ; elle est rapidement murée et sa démolition est prévue.
Sauvée de la destruction grâce à la mobilisation de la municipalité avec le soutien de proches de Le Corbusier, elle devient une copropriété. Entre 1987 et 1988, une partie de l’édifice est réhabilitée pour y installer une école d’infirmière. Son destin change notamment grâce à l’association La Première Rue, créée en 1989, qui contribue à son rayonnement, depuis la réhabilitation de ses espaces entre 1990 et 1991.
À partir du début des années 2000, des travaux de restauration importants sont entrepris sur le clos et couvert. Les façades font l’objet après restauration d’une mise en œuvre d’une peinture grise qui masque le béton brut afin de protéger le matériau, ainsi que les parties communes intérieures.
Actuellement, une réflexion est en cours pour restaurer les châssis en bois des façades. Une étude diagnostique a été finalisée et une phase test réalisée.