Villa Baizeau
Carthage, Tunisie, 1928
La commande
Située face à la mer sur la colline Sainte-Monique à Carthage, la villa de vacances est commandée par Lucien Baizeau, entrepreneur de travaux publics (Schwich & Baizeau), installé à Tunis. Ayant une idée assez précise de ce qu’il souhaite, Lucien Baizeau transmet à Le Corbusier un contrat détaillé avec des photos du terrain et des plans, comme support de conception. Il souhaite une maison moderne adaptée au climat méditerranéen et insiste sur la nécessité d’une protection contre le soleil et les vents chauds.
Édifiée entre 1928 et 1930, la villa est le seul projet architectural que Le Corbusier ait conçu en Afrique.
© FLC / ADAGP / François Baizeau
Courtesy of Famille Baizeau
Le projet
Sans se déplacer sur le site, Le Corbusier propose quatre plans dont les premiers sont rejetés car ils respectent peu les recommandations du commanditaire.
La villa, conçue selon la structure dom-ino et les cinq points de l’architecture nouvelle, est caractérisée par un plan et des façades libres auxquelles s’ajoutent, pour protéger du soleil, un système de terrasses débordantes installé sur les trois faces de la maison. Le principe de la terrasse débordante, proposée par le commanditaire sera plus tard développé par Le Corbusier notamment en Inde dans villa Shodan. La maison, présente des murs aveugles du côté des voies d’accès et du côté méditerranée, des terrasses ouvertes dotées de bastingages, rappelant le pont d’un paquebot. Le Corbusier prévoit également un système de ventilation naturelle : « Depuis le rez-de-chaussée jusqu’en haut, les salles communiquent entre elles établissant un courant d’air constant » (Le Corbusier, Œuvre complète, 1910-1929)
Le chantier débute en 1929 sur la base des plans de la « Tunisoise industrielle », en attendant les plans détaillés « Baizeau 2 ». Il s’achève en 1930, quelques modifications ayant été apportées au plan en raison de la spécificité du terrain. Les couleurs utilisées à l’intérieur et à l’extérieur de la villa sont celles de la palette puriste de Le Corbusier (bleu, gris clair, terre d’ombre brulée, rose, vert, gris moyen).
Le devenir de la villa
À la suite du décès de Jacques, deuxième fils de Lucien, engagé dans les Forces françaises libres, son épouse, Madeleine Baizeau s’installe en 1947 avec ses six enfants dans la villa. En 1961, la famille Baizeau quitte définitivement la maison car celle est nationalisée et incluse dans l’enceinte du palais présidentiel de Carthage. Inaccessible, elle sert aujourd’hui de lieu d’archives des Renseignements Généraux tunisiens.